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A ceux qui se demandent si la sortie tardive valait l’attente : oui, mille fois oui. Si ces dernières années les jeux de combat ont souffert de sorties aux allures d’accès anticipé il n’en est rien ici. On osera même dire que la focalisation sur la finition du coeur du jeu est le meilleur argument de vente de Tekken 7… et le principal reproche qu’on peut lui faire. Un paradoxe ? Dans mon Tekken ?

Scénario a mishima

Évacuons d’emblée ce qui fâche : le mode histoire de Tekken 7 est une déception. Ce qui aurait pu être un nanar de qualité aux multiples jets d’enfants dans des volcans se vautre dès les premières minutes dans une narration mollassonne et incohérente typiquement japonaise. Adoptant le point de vue d’un journaliste enquêtant sur les Mishima, le scénario peine à nous tenir en haleine. La faute à une multiplication de personnages et de points de vue qui ne font que rendre l’ensemble décousu. Si l’on trouve quelques scènes valant le détour, l’ensemble est bien trop sérieux pour son propre bien. Les personnages rigolos sont en effet exclus et une fois bouclée, on réalise que l’histoire n’est en rien la conclusion de la saga Mishima qu’on nous avait promise. Certaines scènes étant des cinématiques, d’autres du rendu du jeu et d’autres encore des dessins, on ne profite même pas d’une réalisation cohérente. Pire : les personnages se parlent et se répondent dans leur langue natale, achevant ainsi tout espoir de rendre l’ensemble crédible.

L’autre grand absent est le mode tutoriel. Pas même un glossaire, un manuel, une petite introduction aux principes de base du jeu ou de simples défis ne sont présents. Apprendre Tekken se fera donc via YouTube ou Twitch, alors que le coeur du jeu bat surtout sur son gameplay. On se contentera donc des classiques Arcade, Versus, Survie et Entraînement en local. En ligne on s’affronte en classé, en lobby et en mode tournoi, rien de plus. Au niveau bonus on pourra évidemment customiser ses personnages et ses musiques ou faire jouer la nostalgie avec l’ensemble des cinématiques de la saga à revisionner. Chiche en contenu ce Tekken 7 ? Clairement. Fainéant ? Pas vraiment. Le peu que Tekken 7 fait, il le fait très bien. Qu’il s’agisse des menus clairs et faciles à utiliser, de la customisation souvent absurde ou du jeu en ligne sans lag, on ne peut pas reprocher à la team Tekken d’avoir mal travaillé. Le temps et l’argent ont simplement été consacrés à l’essentiel, à savoir le jeu de combat au coeur du titre. Et de ce point de vue-là, la team Tekken n’y est pas allée avec le dos de la cuillère.

Sympathy for the Devil Jin

Car c’est ce qu’on remarque en premier, Tekken 7 est beau. Aussi lumineux qu’un concert de David Guetta, il crache ses effets pyrotechniques – flammes, éclairs, lasers, tigres du Bengale – à 60 FPS sans sourciller sur une PS4 basique. S’il faut évidemment apprécier le style Tekken – qui on le rappelle est composé à 90% de typographies enflammées et de dégradés de couleurs à faire planter Photoshop – on ne peut qu’admettre la cohérence de l’ensemble. Les décors du jeu, variés, très animés et présentant des conditions météorologiques changeantes ne sont pas en reste. Les modèles 3D sont propres, les textures ne bavent pas, les animations ne font pas tache par rapport au rendu graphique (coucou Injustice 2) et les temps de chargement sont corrects. Mention spéciale au ralenti classieux et spectaculaire quand deux adversaires se tapent au même moment. Une manière simple de faire le show qui respecte parfaitement le délire kitsch et chic propre à Tekken.

Les mécaniques de base ont évidemment été changées, avec une emphase sur l’accessibilité et la douceur. Rapidement : simplification du système de contre-projection, nerf de l’invincibilité du pas de côté, impossibilité de faire un combo sur un adversaire se levant avec une roulade… Et bien d’autres. Ces petits changements aplanissent la différence de niveau entre les vétérans et les débutants, un choix qui ne plaira pas à tout le monde mais qui a le mérite de supprimer certaines situations très frustrantes sans trop dénaturer le titre. Dans la catégorie plus fun et plus visible, le fameux rebond au sol lors d’un combo, introduit dans Tekken 6, a disparu. Les dégâts sont aussi inversement proportionnels au nombre de coups, ce qui encourage à faire plus court et plus fort. En résultent des combos bien moins longs même s’il est possible de poursuivre ses enchaînements dans certains conditions. Les Power Crush font leur apparition et peuvent absorber des coups sans être interrompus. Le Rage Mode qui se déclenche lui en fin de barre de vie peut désormais être converti en un Rage Art (une sorte d’Ultra cinématique) ou en Rage Drive (une version améliorée d’un coup). Ces petits ajouts compréhensibles par tous ajoutent de la tension en fin de match. Du pif à la relevée et de la gestion de ressources dans Tekken ? Vous avez bien lu.

 

Verdict

Tekken 7 fait fi des modes du moment et assume fièrement ce qu’il est : un grand jeu de combat, sans bonus ni fioritures. Chose rare dans le jeu vidéo, voici qu’un développeur préfère finir son jeu plutôt qu’ajouter des features et des modes de jeu à lister au dos de la boîte. Beau, agréable à jouer, capable de se renouveler aussi bien dans les mécaniques de jeux que les personnages, il n’a comme réels défauts que son mode histoire moyen et la sobriété de son contenu annexe. Cette dernière gênera ceux qui attendent d’un jeu de combat qu’il soit justement plus qu’un jeu de combat. Les autres y verront le choix de la raison et la marque d’un grand jeu fait par et pour ceux qui y jouent.

 

7.9

Good

  • La finition exemplaire du jeu sur tous ses aspects
  • Vraiment beau, même sur PS4 normale
  • Les nouvelles mécaniques rafraîchissent la formule
  • Un peu plus égalitaire entre nouveaux et anciens
  • Les petits nouveaux globalement tous réussis
  • Gouki, bonne passerelle quand on vient de Street Fighter
  • Le jeu en ligne classique mais sans lag
  • Peu de DLC et pas forcément essentiels

Bad

  • Le mode histoire, mou, et qui ne conclut rien
  • Aucun tutoriel, défi, ou mission pour apprendre à jouer
  • Un portage sans surprises
  • Qui manque clairement de contenu