On aurait presque tendance à l’oublier parce que la chose ne fut jamais vraiment officielle, mais fut un temps où PlayStation avait sa mascotte. Née dans les années 90, la première console de salon de Sony s’est longtemps cherchée un visage. Ou alors était-ce plutôt les joueurs, qui avaient l’habituelle de relier Sonic à Sega et Mario à Nintendo. PlayStation devait avoir sa mascotte. C’est ainsi que Crash Bandicoot, le héros d’une suite de jeux portant son nom, est devenu la première icône de la PlayStation. 21 ans après sa naissance, Activision et Vicarious Visions lui rendent un bel hommage avec une collection de remasters au bon goût de pommes, et que s’appellorio Crash Bandicoot N.Sane Trilogy
Difficile de séparer l’histoire de la première PlayStation des baskets de Crash Bandicoot. Le marsupial inventé par Naughty Dog s’est vite imposé comme le personnage phare d’une console qui pourtant n’en manquait pas. Comment cela a-t-il été possible ? Sans doute parce que nous sortions à peine de l’âge d’or des jeux de plates-formes, et que manifestement, chaque constructeur, chaque éditeur, devait avoir dans sa ludothèque un plateformer mettant en scène un animal anthropomorphique sympa. Des hérissons, des chats, des chiens, des chauve-souris… Crash, en tant que bandicoot (oui, cette espèce existe vraiment) répondait à cette demande, à cette habitude. Et puis, le jeu était terriblement joli. Avec ses couleurs, son dynamisme, ses polygones, Crash Bandicoot donnait une très belle image de la console. Un jeu cool, pour ados cool. Même mourir y avait quelque chose d’amusant. Le jeu s’est tant et si bien imposé sur PlayStation qu’il a donné lieu à plusieurs suites et spin-off, comme le fameux Crash Team Racing, un jeu de course très inspiré de Mario Kart 64. La bestiole en pantacourt a marqué de très nombreux joueurs et bien entendu, alors qu’elle fêtait ses 20 ans l’année dernière, Activision ne pouvait pas passer à côté d’une telle opportunité. L’éditeur américain a toutefois eu la bonne idée de ne pas remasteriser un jeu, mais bien trois. Les trois premiers, bien évidemment. Et c’est avec grand plaisir que nous nous sommes lancés dans Crash Bandicoot N.Sane Trilogy.
Une réalisation technique de premier ordre
La N.Sane Trilogy vous propose d’emblée de choisir entre l’un des trois Crash. Bien entendu, nous nous sommes d’abord dirigés vers le premier jeu, mais notez que l’on aurait pu commencer par le second opus, ou même le troisième : le joueur est libre d’attaquer la trilogie comme il le souhaite. Quoi qu’il en soit, c’est en débarquant dans le premier niveau de Crash Bandicoot que l’on a pris conscience de la réussite visuelle qu’est ce remaster. À vrai dire, il serait plus juste de parler de remake, car Vicarious Visions n’a jamais eu entre les mains le code source de 1996 et a donc été obligé de tout recréer, à partir de rien. Ils ont littéralement recréé le jeu, à partir de rien. Une véritable performance, a fortiori lorsque l’on voit le résultat.
La N.Sane Trilogy ne restera certes pas dans les annales de l’histoire du jeu vidéo pour ses graphismes, mais le rendu est tout de même très satisfaisant. C’est joli, c’est frais, c’est coloré, et surtout, ça reste fidèle aux jeux originaux. Certains joueurs estimeront que le jeu est plus terne qu’autrefois, et en fait ils auront en partie raison. Les consoles actuelles sont capables d’afficher beaucoup plus de couleurs qu’une PlayStation, les développeurs s’en sont donc servir pour enrichir et nuancer la palette de couleurs des trois Crash Bandicoot. Un mal pour un bien : on perd en fidélité ce que l’on gagne en confort visuel, car nos yeux de 2017 n’auraient probablement pas supporté le résultat. En 1996 on avait apprécié la direction artistique du titre, la richesse de ses niveaux, les animations du personnage contrôlé : on retrouve tout cela 20 ans plus tard, et c’est finalement tout ce qui compte.
C’est probablement Crash Bandicoot 3 qui s’en tire le mieux, grâce à ses voyages dans le temps et à la variété de niveaux que cela permet. Moyen Age, Préhistoire, Milles et une nuits, futur, les développeurs s’en sont donnés à cœur joie, pour un résultat des plus satisfaisants. Une attention toute particulière a été apportée aux effets de lumière, tous très réussis, eau mise à part. Qu’elle soit représentée sous forme de flaque ou d’étendue plus large, le résultat est ici beaucoup plus contrasté. C’est souvent assez raté, notamment dans ce niveau où l’on contrôle Coco, dans une épreuve de jet-ski qui a assez mal vieilli, soit dit en passant.
Les vieux pots, la meilleure confiture ?
Ce petit raté sur la phase de jet-ski ne doit pas vous inquiéter : le reste de la trilogie a lui extrêmement bien vieilli. Si dans l’ensemble, les phases en véhicule ne sont pas les plus excitantes, les phases de plates-formes pures et dures n’ont pas pris une ride. La disposition des pièges, le timing, l’utilisation de l’espace dans le level-design, tout est maîtrisé, pour donner naissance à un jeu de plate-forme très accessible mais vite exigeant. C’est d’autant plus vrai que les sauts sont légèrement différents, et il faudra les accompagner plus longuement qu’autrefois, en maintenant la touche dédiée enfoncée. Une fois cette petite nouveauté intégrée, on progresse rapidement dans les niveaux, se jouant de la mort qui attend à chaque saut, à chaque crevasse, à chaque ennemi.
Seul, on cherchera bien entendu à avancer le plus loin possible et à terminer le jeu. Les joueurs les plus hardcore chercheront à faire les meilleurs temps, à briser toutes les caisses, trouver tous les secrets : ils n’ont pas été oublié. Avec des amis, on se fera passer la manette, en cherchant à aller le plus loin possible. Crash Bandicoot n’a pas vieilli : le concept est trop efficace, trop maîtrisé pour cela.